Nouvelle création de Luc Petit à voir au château de Modave, «De Modave à Versailles» emmène le public dans une danse céleste et poétique.

Au début, il n’y a presque rien. Juste le silence de la nuit et ses ombres perdues dans la brume. Et l’ombre appelle la lumière comme le feu pourrait appeler l’eau. Il faut parfois, dans un spectacle, mener double intention, double dialogue dans un récit. Comme c’est le cas dans la nouvelle création de Luc Petit, sur un texte de Michel Teheux: «De Modave à Versailles», inscrite dans la longue série de ses Nocturnales.

Ici, le dialogue entre passé et présent rappelle le silence des origines et le feu des profondeurs. Il mêle aux fastes des hommes la pureté et l’harmonie de la nature. Sa force aussi. Il y a du hasard et de la nécessité dans chaque création, comme il y a aussi des petits détails qui comptent et qu’il faut voir comme quelque chose de grand, quelque chose qui peut faire rêver. C’est là toute la sincérité de cette double intention du metteur en scène. Celle d’emmener le public dans un monde qui émerveille par sa grâce et sa prestance. Le parc du château, ici, est réceptacle, une peau tendue qui recueille dans son écho les traces du passé pour rappeler qui étaient nos ancêtres, et les honorer. Dans ce cas précis, il s’agit de Renkin Sualan, l’inventeur de la machine de Marly. «De Modave à Versailles» raconte la genèse de cette invention. Mais plus que de dire, il y a à montrer, le spectacle étant visuel dans un premier temps. Acrobates, jongleurs, lanceurs de feu et comédiens entrent tous dans une danse céleste et poétique.

L’eau et le feu

Et la scène est multiple, aérienne et terrestre. L’eau y tombe en ombres et lumière, sculptant la matière, étoffe transparente sur laquelle glisse le corps. «Je tombe du ciel, je suis l’eau, mémoire de vos origines, fougue des torrents», lance une voix. Et il y a le feu aussi, «Fête de la lumière», en cercles évanescents qui réchauffent la nuit, la réveille. «De Modave à Versailles», du Hoyoux à la Senne, c’est l’espace, c’est le temps et cette dimension recomposée. C’est le rêve aussi, c’est le faste, le somptueux des jardins de Versailles quand le monde était à la fête.

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