Tournai d’été, mis en scène par le Tournaisien Luc Petit, est le premier événement post-Covid de la région. Durant dix soirées, des artistes parcourent avec poésie le folklore de Tournai. Une bulle d’oxygène dans ce secteur touché de plein fouet par la crise sanitaire. « La première soirée s’est très bien passée ! », nous disait Luc Petit samedi matin. « C’est une expérience différente, de par le fait que les gens portent un masque, qu’ils sont séparés, qu’ils ne peuvent pas être assis les uns à côté des autres… Les gens ont perdu les codes du spectacle et sont perdus. Ils ne savent même pas s’ils peuvent applaudir. C’est un sentiment étrange. On a perdu beaucoup en quatre cinq mois. Les artistes étaient bien sûr heureux de reprendre du service, même s’ils sont lassés de se battre ». Le metteur en scène remercie « vraiment la Ville d’avoir accepté cet événement et d’avoir eu la volonté de prouver qu’on est capable de faire un spectacle dans le respect des mesures ».

Luc Petit poursuit, amer : « Pour moi, il est grand temps que les virologues viennent voir ce que c’est qu’un spectacle et ce qu’on peut faire ! Ras-le-bol qu’ils fassent des analyses sans venir se rendre compte sur place et marre qu’on tue la culture ».

Ce spectacle dans le parc de l’hôtel de Ville fait revivre les géants de Tournai. « Peut- être que c’est une façon de réunir le patrimoine en 2020, de manière moderne. C’est une berté ! Les gens voient les géants et se rendent compte de l’importance du folklore dans une ville chargée d’histoire comme Tournai. Les géants ont toujours été en cortège et c’est un événement qui attire de moins en moins de monde. Dans ce spectacle, on voit les géants évoluer dans une histoire, ils prennent vie ! ».

Ce spectacle réunit le patrimoine local dans son ensemble. « Le coronavirus aura au moins servi à réunir des gens qui ne se réunissent pas habituellement. C’est la première fois que la procession, le carnaval, les Cortèges, les géants, les Filles Celles Picardes et bien d’autres participent ensemble à un même événement ».

400 SPECTATEURS PAR SOIR

Le public s’est montré séduit par le spectacle. Pauline Sente a assisté à la première, qu’elle a beaucoup appréciée. « Le lieu est chouette, ça permet aux gens de (re)découvrir ce parc. Les jeux de son et lumière étaient bien aussi et mettaient en valeur le lieu. Nous avons apprécié qu’il y ait pas mal d’acteurs locaux comme les danseurs de Danses & Cie, les géants… C’est un spectacle fait par des Tournaisiens, pour des Tournaisiens ! Ça raconte l’histoire de Tournai et on apprend des choses. Les décors et costumes étaient très beaux et le visuel était magnibque ».

C’est un des premiers événements organisé à Tournai. « Les gens étaient heureux d’être là, pour cet événement gratuit, sur la ville. C’est agréable d’être dans le centre- ville et c’est chouette d’aller manger un bout ou boire un verre avant ou après le spectacle. Cela fait vivre le secteur Horeca et c’est positif. Nous avons passé une agréable soirée ».

Les dix soirées ahchent déjà complet. « Nous avons dû limiter le nombre de spectateurs à 200 par spectacle et les réservations ont très vite été remplies. On va remettre une vingtaine de places disponibles par séance, il faudra regarder sur la page Facebook « Tournai d’été ! » qui redirige vers le site des réservations ».

UN SURVOL ALLEGORIQUE DE L’HISTOIRE DE TOURNAI

Le texte narré lors des spectacles a été écrit par le Tournaisien, Loulou Godet, bgure bien connue de la région. « L’objectif, avec Luc Petit, c’était de mettre en avant un maximum d’acteurs du secteur culturel tournaisien. L’histoire racontée reprend énormément d’éléments typiques de notre ville. On fait allusion au passé historique de Tournai, tout en incorporant des éléments folkloriques et traditionnels mais sans avoir la prétention de donner un cours d’histoire, mais plutôt un remake de l’Histoire.

On fait des petits zooms, en parlant des Francs, des rois, de la peste, on fait un lien entre le lapin d’Alice au pays des Merveilles et le lapin du lundi perdu… On n’hésite pas à passer d’un siècle à l’autre sans explication, c’est réellement quelque chose de très poétique et allégorique. Il faut s’imaginer un enfant qui rêve sa ville en quelque sorte », explique Loulou Godet.

« Dans la mise en scène, l’histoire est racontée par le géant Louis XVIII, à qui Jean- Paul Dermont, acteur français très connu, a prêté sa voix. Ce géant qu’on appelle aussi « le raccommodeur de porcelaine » correspond à notre volonté de raccommoder les gens avec leurs origines et les événements culturels qui n’ont pas pu avoir lieu à cause des conditions sanitaires qu’on connaît actuellement. Puis, le raccommodeur c’est un mec de la rue, dont tout le monde a déjà entendu parler. On tenait à ce que ce ne soit pas un personnage historique qui narre le récit étant donné que nous ne respectons pas forcément l’Histoire », continue-t-il.

UN CRI DU SECTEUR CULTUREL

« On a intégré les géants de Tournai et leurs courageux porteurs, Les Filles Celles Picardes, le Cabaret Wallon, la troupe de Danse & Cie, des carillonneuses, des échassiers, des pyrotechniciens, etc. On voit que tout le monde est très motivé et se sent pris dans ses tripes de Tournaisien.

Lors des répétitions, l’ensemble des acteurs avait le sourire aux lèvres et n’hésitait pas s’il fallait recommencer une scène ou l’autre », poursuit Loulou. « Il n’y a quasiment que des bénévoles, tout le monde donne de son temps gratuitement et on a énormément de chance de les avoir. Ce ne sont pas des professionnels, mais presque… », ajoute-t-il.

« Notre volonté, en plus de raccommoder la population, c’est aussi de pousser un cri, un S.O.S., de la part du secteur culturel. Nous sommes des professionnels, laissez nous trouver des solutions ! », s’exclame-t-il.

Si le pari n’était pas gagné d’avance, Luc Petit et Loulou Godet ont su prouver qu’il était possible d’organiser des événements malgré les conditions diffciles.